L'Essentiel en quelques secondes
Fin octobre 2025, Acorus, ETI de 1900 salariés et 285 M€ de chiffre d'affaires, investit dans Arkeon Energy Systems. Cette start-up française a développé une pompe à chaleur basée sur la thésauthermie (batterie thermique artificielle) visant à remplacer les chaufferies gaz et fioul dans les immeubles collectifs et le tertiaire. Pour l'artisan RGE, c'est un signal stratégique : soit une opportunité de se former à une technologie à forte marge si la distribution s'ouvre, soit une menace de concentration du marché au profit d'un acteur intégré verticalement.
Le contexte est porteur. La rénovation énergétique représente 15 % du CA total du BTP en 2024, et les arrêtés publiés le 9 septembre 2025 instaurent une bonification exceptionnelle des primes CEE pour les pompes à chaleur. Mais l'inconnue demeure : Arkeon distribuera-t-il via un réseau d'artisans RGE indépendants, ou Acorus gardera-t-il l'exclusivité ?
Qu'est-ce que la "Thésauthermie" ? Décryptage d'une Technologie de Rupture
La Technologie Derrière Arkeon : Batterie Thermique et Stockage d'Énergie
La thésauthermie est un principe thermodynamique que peu d'acteurs maîtrisent encore. Arkeon a développé une pompe à chaleur intégrant une batterie thermique artificielle capable de stocker et restituer l'énergie selon les besoins du bâtiment. Contrairement aux PAC classiques qui produisent la chaleur en temps réel, cette solution stocke l'énergie thermique pour améliorer le rendement global et décorréler production de chaleur et consommation d'électricité.
Cette innovation repose sur la combinaison de technologies éprouvées et de modules propriétaires Arkeon. Elle permet une production décarbonée de chaleur et de froid, sans nécessiter de forage. L'unité peut être installée directement dans la chaufferie existante, sur un parking ou même en toiture. La gestion hydraulique est pilotée de manière dynamique et intelligente via un système qui optimise en permanence le coût de la production thermique.
D'un point de vue technique, la SmartPAC Arkeon produit une eau chaude haute température supérieure à 65°C, ce qui permet de conserver les émetteurs existants lors d'une rénovation. La gamme de puissance s'étend de 150 kW à 600 kW, ciblant ainsi les immeubles collectifs et les bâtiments tertiaires. L'approche modulaire permet d'adapter la solution à différentes configurations de sites.
Le "Plug & Play" : Remplacer le Gaz/Fioul sans Travaux Lourds
L'argument commercial central d'Arkeon tient en trois mots : sans travaux lourds. La PAC à thésauthermie est conçue pour remplacer directement une chaufferie gaz ou fioul, sans nécessiter de transformation structurelle majeure. Fini les forages géothermiques coûteux ou les modifications de réseaux hydrauliques complexes.
Cette approche "plug & play" s'adresse à un segment du marché particulièrement difficile : le remplacement des chaufferies en site occupé. Dans un immeuble collectif ou un bâtiment tertiaire, l'enjeu n'est pas seulement technique, il est aussi organisationnel. Minimiser la durée des travaux, éviter les nuisances pour les occupants et garantir une continuité de service sont des impératifs. Arkeon promet une installation compacte, modulaire et réversible qui s'intègre dans les contraintes d'exploitation existantes.
La solution ne requiert pas de forage, ce qui élimine à la fois les coûts associés et les risques liés aux contraintes géologiques locales. Elle s'installe directement dans la chaufferie, sur le parking ou en toiture, selon la configuration du site. Ce positionnement vise à lever les principaux freins techniques qui ralentissent aujourd'hui la décarbonation du parc bâti existant.
Pourtant, cette simplicité revendiquée pose question : quelle qualification RGE sera nécessaire ? Arkeon propose-t-il une formation propriétaire, ou s'appuiera-t-il sur les qualifications PAC existantes ? L'absence de communication officielle sur ce point crée une zone d'incertitude pour les artisans.
Des Performances Inédites Annoncées : 2x Supérieures et Production Chaud/Froid
Les chiffres avancés par Arkeon sont ambitieux. La SmartPAC afficherait des performances jusqu'à deux fois supérieures à celles d'une pompe à chaleur classique. Selon les sources disponibles, cette technologie permettrait de réduire la consommation d'énergie de moitié tout en éliminant 90 % des émissions de CO₂ par rapport à une chaudière fossile.
Concrètement, le site institutionnel d'Arkeon annonce une réduction moyenne de 30 % de la facture énergétique et un gain de deux classes sur le DPE. Pour un immeuble F ou G, cela signifie potentiellement atteindre la classe D, seuil réglementaire de décence locative à partir de 2034. L'enjeu est donc double : économique (réduction de charges) et patrimonial (mise en conformité réglementaire).
La solution produit simultanément chaleur et froid, ce qui répond à un besoin croissant dans le tertiaire, où les bâtiments doivent désormais gérer le confort d'été autant que le chauffage hivernal. Cette réversibilité constitue un avantage concurrentiel face aux chaudières classiques, incapables de rafraîchissement.
Arkeon va plus loin en proposant un tarif de chaleur contractuellement garanti. Le client ne paie que les kWh réellement consommés, à un prix fixe sur la durée du contrat. Ce modèle économique, proche d'un "contrat de performance énergétique", réduit l'incertitude financière pour les gestionnaires immobiliers. Il transforme aussi le positionnement commercial : ce n'est plus seulement la vente d'un équipement, mais la fourniture d'un service énergétique.
Reste une question cruciale : ces performances sont-elles vérifiées par un organisme tiers indépendant ? Les données communiquées par le fabricant devront être confirmées sur site pour convaincre les bureaux d'études et les maîtres d'ouvrage.
La Cible : Pourquoi le Collectif et le Tertiaire d'Abord ?
Arkeon a fait un choix stratégique clair : déployer sa technologie en priorité dans le collectif (immeubles de logements) et le tertiaire (bureaux, hôtels, EHPAD, écoles). Ce choix n'est pas arbitraire. Il repose sur trois facteurs structurels.
Premièrement, le potentiel de massification. Un immeuble collectif ou un bâtiment tertiaire concentre plusieurs dizaines, voire centaines, de logements ou d'utilisateurs autour d'une seule chaufferie. Remplacer une chaudière centrale par une SmartPAC Arkeon génère donc un impact énergétique et environnemental bien plus important qu'une intervention en maison individuelle. Pour une start-up qui cherche à prouver son modèle et à changer d'échelle rapidement, cette approche est rationnelle.
Deuxièmement, l'urgence réglementaire. Les bailleurs sociaux, copropriétés et gestionnaires de bâtiments tertiaires sont soumis à des obligations de rénovation énergétique de plus en plus strictes. Le décret tertiaire impose une réduction progressive des consommations, et la loi Climat et Résilience interdit progressivement la location des passoires énergétiques. Depuis le 1er janvier 2025, les logements classés G sont interdits à la location, et cette interdiction s'étendra aux F en 2028 et aux E en 2034. Pour ces acteurs, remplacer une chaufferie gaz ou fioul n'est plus une option, c'est une nécessité.
Troisièmement, la rentabilité immédiate. Selon les sources consultées, la rénovation énergétique pèse 15 % du chiffre d'affaires total du BTP en 2024. Dans ce secteur, le collectif et le tertiaire offrent des marges plus confortables que le résidentiel individuel, car les projets sont de taille critique et les donneurs d'ordre (bailleurs, syndics) financent sur des budgets pluriannuels. L'alliance Acorus-Arkeon vise explicitement ce segment à forte valeur.
Le résidentiel individuel viendra probablement dans un second temps, une fois la technologie éprouvée et les coûts de production réduits par effet d'échelle. Mais pour l'instant, Arkeon concentre ses efforts là où l'impact est maximal et le retour sur investissement le plus rapide.
Le contexte est porteur. La rénovation énergétique représente 15 % du CA total du BTP en 2024, et le secteur connaît une mutation accélérée avec la fin programmée du gaz et du fioul.
Installateur RGE : Opportunité de Diversification ou Menace Concurrentielle ?
Le Scénario "Opportunité" : Une Nouvelle Compétence à Forte Marge
Si Arkeon ouvre sa distribution aux artisans RGE indépendants, l'opportunité est majeure. Une technologie à performances doublées, gain de deux classes DPE et 30 % de réduction de facture énergétique se vend bien. Les arguments commerciaux sont solides, surtout dans un contexte où les bailleurs et copropriétés sont contraints par la réglementation.
La réforme RGE du 1er octobre 2025, qui introduit RENO PERF (modules transverses + spécifiques par catégorie de travaux avec QCM obligatoires), montre que l'État pousse à la montée en compétence. Les artisans qui investissent dans ces formations renforcent leur positionnement. Si une qualification spécifique "PAC à thésauthermie" voit le jour, être parmi les premiers formés confère un avantage concurrentiel temporaire.
Le marché est soutenu par des aides conséquentes. MaPrimeRénov' 2025 maintient des forfaits attractifs : 5000 € (très modestes), 4000 € (modestes), 3000 € (intermédiaires) pour une PAC air/eau, et jusqu'à 11000 € pour une géothermique (ménages très modestes). Les arrêtés du 9 septembre 2025 instaurent une bonification exceptionnelle des primes CEE pour les installations de pompes à chaleur. Avec la bonification x5 des CEE pour les PAC dans certains contextes, et la gestion optimisée des dossiers MaPrimeRénov' face aux défis administratifs, ces marchés restent attractifs pour les artisans structurés.
Un artisan qui maîtrise déjà les PAC air/eau ou géothermiques dispose de compétences transférables. La formation Arkeon (si elle existe) porterait essentiellement sur les spécificités de la batterie thermique et du système de pilotage. L'investissement formation serait donc proportionné au gain potentiel.
Enfin, se diversifier sur le collectif et le tertiaire réduit la dépendance au résidentiel individuel, segment saturé et soumis à forte concurrence. C'est une stratégie de résilience face aux fluctuations du marché.
Le Scénario "Menace" : Une Concurrence Accrue sur la Rénovation
Le scénario alternatif est moins réjouissant. Si Acorus garde l'exclusivité commerciale de la SmartPAC Arkeon, les artisans RGE indépendants perdent l'accès à une technologie différenciante sur un segment stratégique (collectif/tertiaire). Ce serait une forme de concentration verticale : un grand groupe contrôle à la fois la distribution, l'installation et la technologie.
Le contexte général n'est pas favorable. La FFB prévoit un recul d'activité de -3,4% pour le secteur du bâtiment en 2025 (après -6,6% en 2024). Le nombre de défaillances d'entreprises a bondi de plus de 20% en 2024 et devrait encore progresser en 2025. Dans ce contexte, perdre l'accès à un marché porteur comme celui des PAC nouvelle génération aggraverait la pression concurrentielle sur le résidentiel individuel.
Acorus, avec plus de 285 M€ de CA et 1900 salariés, dispose de capacités financières et commerciales hors de portée des PME du BTP. L'ETI peut négocier des conditions d'achat préférentielles auprès d'Arkeon, proposer des packages de financement intégrés (travaux + aides + suivi énergétique), et mobiliser des équipes de chargés d'affaires dédiés aux grands comptes. Un artisan seul, même qualifié RGE, peine à rivaliser sur ces terrains.
Le risque est donc double : perte de parts de marché sur le collectif/tertiaire, et intensification de la concurrence sur le résidentiel, avec des acteurs qui se replient sur ce segment faute d'accès aux innovations technologiques.
Cette configuration rappelle d'autres mouvements de concentration observés dans le BTP : quand les ETI et grands groupes intègrent verticalement la chaîne de valeur, les artisans se retrouvent cantonnés aux marchés résiduels, souvent moins rentables.
L'Inconnue : Formation et Maintenance
L'annonce Acorus-Arkeon ne précise pas les modalités d'accès à la technologie pour les artisans RGE indépendants. Trois questions restent sans réponse :
1. Quelle qualification RGE sera nécessaire ? La réforme RGE du 1er octobre 2025 introduit RENO PERF, qui remplace FEEBât RENOVE. La nouvelle formation se décompose en 1 journée transverse (commune à tous) + 1 ou 2 journées supplémentaires par catégorie de travaux + réussite du QCM correspondant. Les catégories concernées incluent ITI, ITE, menuiseries, ventilation, chaudières gaz THPE, etc. Mais aucune mention d'une qualification spécifique "PAC à thésauthermie". Arkeon proposera-t-il une formation propriétaire ? Sera-t-elle reconnue dans le cadre RGE ? Ou faudra-t-il simplement une qualification PAC généraliste ?
2. Qui assurera la maintenance ? Une technologie nouvelle implique généralement un contrat de maintenance pour sécuriser la garantie de performance. Arkeon garde-t-il la main sur le SAV via Acorus, ou ouvre-t-il un réseau de mainteneurs agréés ? Dans le second cas, c'est une opportunité de revenus récurrents pour les artisans formés. Dans le premier, c'est une perte de relation client.
3. Quel sera le coût réel de la montée en compétence ? Formation RENO PERF, éventuelle formation spécifique Arkeon, outillage de diagnostic (si nécessaire), temps passé hors production… Pour un artisan dont la trésorerie est déjà sous tension, l'investissement doit être calibré au regard du retour attendu. Sans visibilité sur le volume de chantiers accessibles, difficile de prendre la décision.
Ces incertitudes incitent à l'attente prudente. Certains artisans préféreront observer les premiers déploiements avant d'investir. D'autres, plus offensifs, chercheront à se positionner rapidement pour capter les premiers appels d'offres. La stratégie dépendra du profil de chaque entreprise.
Comment Préparer Votre Entreprise à ces Évolutions (et aux Prochaines)
1. Structurer votre Veille : Anticiper les Ruptures
L'alliance Acorus-Arkeon n'est qu'un signal parmi d'autres. Le marché de la rénovation énergétique connaît des ruptures technologiques (thésauthermie, PAC hybrides, matériaux biosourcés), réglementaires (RENO PERF, décret tertiaire, interdiction progressive des passoires) et financières (évolution des aides, bonifications CEE). Pour un artisan RGE, ne pas anticiper ces évolutions, c'est prendre le risque d'être dépassé.
Une veille structurée repose sur trois piliers. Premièrement, les sources institutionnelles : ADEME, ANAH, FFB, CAPEB publient régulièrement des rapports, guides et notes d'actualité. Consulter ces ressources une fois par trimestre permet de détecter les tendances lourdes. Deuxièmement, les fédérations professionnelles : adhérer à la CAPEB ou à la FFB donne accès à des formations, webinaires et alertes réglementaires. C'est un investissement rentable. Troisièmement, les signaux marché : suivre les annonces de partenariats (comme Acorus-Arkeon), les rachats, les levées de fonds dans la cleantech. Ces mouvements capitalistiques indiquent où le marché se dirige.
Un artisan seul n'a pas le temps de tout suivre. La solution : déléguer la veille. Soit en s'appuyant sur un réseau (groupement d'artisans, coopérative), soit en s'abonnant à une newsletter spécialisée (comme celles de Bati-Actu, Le Moniteur, ou les synthèses hebdomadaires de la CAPEB). L'essentiel est d'avoir un processus régulier : 30 minutes par semaine suffisent pour rester informé.
Un rapport parlementaire d'octobre 2025 appelait à faire de la rénovation énergétique un "chantier prioritaire". Cela confirme que le secteur restera soutenu par la puissance publique, malgré les contraintes budgétaires. Pour l'artisan, cela signifie : le marché est pérenne, mais les règles du jeu vont continuer d'évoluer rapidement.
2. Diversifier Votre Offre RGE : Comment Profiter de la Transition Technologique
Le temps est la ressource la plus rare d'un artisan. Entre les chantiers, la prospection, la gestion administrative et la comptabilité, difficile de dégager des heures pour analyser une opportunité comme Arkeon. Pourtant, c'est précisément ce temps de réflexion stratégique qui fait la différence entre une entreprise qui subit les évolutions du marché et une entreprise qui les anticipe.
La solution : automatiser les tâches à faible valeur ajoutée. La gestion des dossiers RGE, le suivi des aides MaPrimeRénov' et CEE, la facturation, la relance client… Toutes ces tâches peuvent être en partie automatisées via des outils logiciels. Un tableau de bord automatisé permet de suivre en temps réel l'avancement des dossiers, d'identifier les blocages et de prioriser les actions.
L'automatisation BTP est un levier de rentabilité prouvé. En structurant la gestion des dossiers RGE via un tableau de bord automatisé, et en optimisant le suivi des aides CEE et MPR, un artisan libère entre 5 et 10 heures par semaine. Ce temps peut être réinvesti dans la prospection commerciale, la formation ou l'analyse stratégique.
Concrètement, cela passe par trois étapes. Première étape : cartographier les processus actuels (de la signature du devis au versement des aides). Deuxième étape : identifier les tâches répétitives qui génèrent peu de valeur (saisie de données, relances, vérification de pièces justificatives). Troisième étape : choisir un outil adapté à la taille de l'entreprise (Excel pour les très petites structures, logiciels métier pour les entreprises > 5 salariés).
L'automatisation ne remplace pas l'humain. Elle le décharge des tâches administratives pour qu'il puisse se concentrer sur les décisions à forte valeur : faut-il se former à la technologie Arkeon ? Comment négocier avec un bailleur social ? Quelle stratégie commerciale pour 2026 ?
3. Piloter votre Rentabilité pour Mieux Décider
La question centrale face à une opportunité comme Arkeon est simple : est-ce rentable pour mon entreprise ? Pourtant, peu d'artisans savent répondre précisément à cette question. Beaucoup pilotent "au feeling", en se basant sur leur expérience et leur intuition. C'est utile, mais insuffisant dans un environnement qui évolue vite.
Le pilotage par KPI (indicateurs clés de performance) permet de décider sur données. Trois KPI sont essentiels pour évaluer une nouvelle activité. Premièrement, la marge brute par chantier : quel est le chiffre d'affaires moyen d'une installation PAC ? Quels sont les coûts directs (fourniture, main-d'œuvre) ? Quelle marge reste-t-il après déduction des frais généraux ? Deuxièmement, le taux de transformation commercial : sur 10 devis PAC envoyés, combien sont signés ? Un taux faible indique soit un problème de prix, soit un problème de positionnement. Troisièmement, le délai de paiement des aides : combien de temps entre la fin du chantier et le versement effectif de MaPrimeRénov' ou des CEE ? Un délai long impacte la trésorerie.
Dans un contexte d'effet ciseau pour les PME de la rénovation (coûts en hausse, prix de vente sous pression), connaître sa marge réelle par activité est vital. Cela permet de décider si un investissement (formation Arkeon, outillage spécifique) est justifié au regard du volume de chantiers attendu.
Concrètement, un artisan doit se poser trois questions avant de se lancer. Question 1 : Combien de chantiers PAC Arkeon puis-je réalistement réaliser par an ? (Si la réponse est "je ne sais pas", c'est qu'il faut d'abord prospecter le marché). Question 2 : Quelle marge brute puis-je espérer par chantier ? (Cela dépend des prix pratiqués par Arkeon, des aides disponibles et de la concurrence locale). Question 3 : Quel est mon seuil de rentabilité ? (Combien de chantiers faut-il pour amortir la formation + l'outillage ?).
Si les réponses sont favorables, l'investissement se justifie. Sinon, mieux vaut attendre ou se concentrer sur d'autres opportunités. Le pilotage par données évite les décisions émotionnelles et réduit le risque d'échec.
Conclusion
L'alliance Acorus-Arkeon illustre une dynamique structurelle du marché de la rénovation énergétique : la convergence entre innovation technologique et capacité de déploiement industriel. Pour l'artisan RGE, cette annonce est un signal. Pas forcément une menace immédiate, mais un rappel que le marché évolue et que les acteurs qui ne se préparent pas risquent d'être marginalisés.
La technologie à thésauthermie d'Arkeon n'est qu'un exemple parmi d'autres. Demain, ce seront les PAC hybrides, les matériaux biosourcés à changement de phase, les systèmes de pilotage énergétique par IA. Le BTP traverse une phase de transformation profonde, portée par les obligations de décarbonation, l'évolution des réglementations et l'émergence de nouveaux modèles économiques (contrats de performance, garantie de résultat énergétique).
Trois enseignements stratégiques se dégagent. Premièrement, la veille technologique et réglementaire n'est plus optionnelle. C'est une fonction de l'entreprise, au même titre que la prospection commerciale. Deuxièmement, l'automatisation des processus administratifs libère du temps pour se former, prospecter et analyser les opportunités. Troisièmement, le pilotage par données permet de décider en connaissance de cause, en évaluant objectivement la rentabilité d'un investissement.
Face à Arkeon, deux postures sont possibles. L'attentisme prudent : observer les premiers déploiements, attendre que les modalités de distribution se clarifient, puis décider. Ou l'anticipation offensive : se rapprocher d'Arkeon/Acorus, se former dès maintenant, tester la technologie sur un chantier pilote. Les deux approches ont leur logique. Ce qui serait risqué, c'est l'ignorance : ne rien faire en espérant que rien ne change.
Le marché de la rénovation énergétique pèse 15 % du CA total du BTP et continuera de croître. Les aides publiques (MaPrimeRénov', CEE) sont maintenues, voire renforcées (bonification CEE du 9 septembre 2025). Les obligations réglementaires se durcissent (interdiction progressive des passoires, décret tertiaire). Pour un artisan RGE structuré, formé et équipé, les opportunités existent. Mais elles ne viendront pas toutes seules. Elles se préparent.
Vous souhaitez évaluer votre niveau de préparation face aux évolutions du marché (RENO PERF, nouvelles technologies PAC, pilotage par KPI) ? Réservez un diagnostic personnalisé pour identifier vos leviers d'efficacité.
FAQ - PAC Nouvelle Génération et Stratégie RGE
La thésauthermie est un principe thermodynamique intégrant une batterie thermique artificielle qui stocke et restitue l'énergie selon les besoins du bâtiment. Développée par Arkeon Energy, cette technologie permet des performances jusqu'à deux fois supérieures à une PAC classique, tout en produisant chaleur et froid même par températures extrêmes. L'installation ne nécessite ni forage ni transformation lourde : l'unité peut être placée dans la chaufferie existante, sur un parking ou en toiture. Le système pilote intelligemment les flux hydrauliques pour optimiser le coût de la production thermique. Arkeon annonce une réduction moyenne de 30 % de la facture énergétique et un gain de deux classes DPE, avec un tarif de chaleur contractuellement garanti.
Acorus (285 M€ de CA, 1900 salariés) sécurise une technologie de rupture pour enrichir son offre de rénovation énergétique auprès de ses clients historiques : bailleurs sociaux, copropriétés et tertiaire. Selon Philippe Benquet, Président du groupe, "les systèmes de chauffage représentent le premier levier de décarbonation, mais aussi le plus complexe à moderniser". L'ETI anticipe le durcissement réglementaire (interdiction progressive des chaufferies fossiles) et profite du contexte favorable : bonification exceptionnelle des primes CEE publiée le 9 septembre 2025, maintien des forfaits MaPrimeRénov' (jusqu'à 11000 € pour une PAC géothermique pour les ménages très modestes), et marché de la rénovation représentant 15 % du CA total BTP. L'alliance Acorus-Arkeon permet de proposer une alternative performante, simple et immédiatement rentable face aux chaudières fossiles et PAC classiques.
L'annonce d'octobre 2025 ne précise pas si Arkeon ouvrira sa distribution aux artisans RGE indépendants ou si Acorus gardera l'exclusivité commerciale. Cette incertitude constitue l'enjeu stratégique majeur. Si Arkeon distribue largement, c'est une opportunité de diversification pour les artisans qualifiés RGE chauffage. Si Acorus garde l'exclusivité, c'est une concentration verticale du marché collectif/tertiaire au profit d'un grand groupe. Les artisans doivent donc suivre attentivement les prochaines communications commerciales d'Arkeon et interroger leurs fédérations professionnelles (CAPEB, FFB) pour obtenir des clarifications. En attendant, la prudence consiste à observer les premiers déploiements avant d'investir dans une formation spécifique.
La réforme RGE du 1er octobre 2025 introduit RENO PERF, qui remplace FEEBât RENOVE. La nouvelle formation comprend 1 journée transverse (commune à tous les stagiaires sur les clés d'une rénovation énergétique de qualité) + 1 ou 2 journées supplémentaires par catégorie de travaux + réussite du QCM correspondant. Les catégories concernées incluent ITI, ITE, menuiseries, ventilation, chaudières gaz THPE, etc. Toutefois, aucune catégorie spécifique "PAC à thésauthermie" n'existe pour l'instant. Arkeon pourrait proposer une formation propriétaire pour ses installateurs agréés, ou s'appuyer sur les qualifications PAC existantes. Les artisans intéressés doivent se rapprocher d'Arkeon directement ou via leurs fédérations (CAPEB, FFB) pour connaître les prérequis exacts. La prudence consiste à ne pas investir dans une formation tant que les modalités commerciales ne sont pas clarifiées.
MaPrimeRénov' 2025 propose pour une PAC air/eau : 5000 € (ménages très modestes), 4000 € (modestes), 3000 € (intermédiaires), 0 € (supérieurs). Pour une PAC géothermique ou solarothermique : 11000 € (très modestes), 9000 € (modestes), 6000 € (intermédiaires), 0 € (supérieurs). Les plafonds de dépenses éligibles sont respectivement 12000 € (air/eau) et 18000 € (géothermique/solarothermique). De plus, les arrêtés publiés le 9 septembre 2025 au Journal officiel instaurent une bonification exceptionnelle des primes CEE pour l'installation de pompes à chaleur, renforçant l'attractivité économique du marché. Ces aides sont cumulables avec l'éco-prêt à taux zéro (jusqu'à 50000 €), les aides des collectivités locales et la TVA réduite à 5,5 %. Pour les ménages très modestes, une avance de 50 % du montant de la prime peut être demandée.
Traditionnellement, le collectif et le tertiaire sont dominés par les ETI comme Acorus (285 M€ de CA) car ces projets nécessitent des capacités de gestion de chantier importantes, un réseau commercial établi auprès des bailleurs et gestionnaires, et une solidité financière pour gérer des délais de paiement parfois longs. Cependant, des artisans structurés peuvent accéder à ces marchés via plusieurs leviers : participer à des consortiums ou groupements d'entreprises pour répondre à des appels d'offres, intervenir en sous-traitance d'un acteur principal (comme Acorus), se spécialiser sur des niches (petites copropriétés de moins de 50 lots, résidences de tourisme, commerces de proximité), ou développer un partenariat direct avec un bailleur social local via les dispositifs d'insertion par l'activité économique. La clé est la structuration : process qualité, capacité de suivi multi-chantiers, maîtrise des obligations réglementaires (PPSPS, coordination SPS).
La PAC Arkeon intègre une batterie thermique artificielle (thésauthermie) qui stocke et restitue l'énergie selon les besoins, permettant des performances jusqu'à deux fois supérieures à une PAC classique. Elle est compacte, modulaire et réversible (production simultanée de chaud et de froid). L'installation ne nécessite ni forage ni transformation lourde de la chaufferie existante. Arkeon annonce un gain de deux classes DPE (par exemple de F à D), une réduction moyenne de 30 % de la facture énergétique, et propose un tarif de chaleur contractuellement garanti (le client ne paie que les kWh réellement consommés à prix fixe). La gamme de puissance (150 kW à 600 kW) cible le collectif et le tertiaire. La production d'eau chaude haute température (>65°C) permet de conserver les émetteurs existants. Le pilotage intelligent optimise les flux hydrauliques pour minimiser les coûts de production thermique.
Trois actions clés sont nécessaires. Première action : structurer une veille technologique et réglementaire. Consulter régulièrement les sources institutionnelles (ADEME, ANAH, FFB, CAPEB), s'abonner aux newsletters spécialisées (Bati-Actu, Le Moniteur), suivre les annonces de partenariats et levées de fonds dans la cleantech. Consacrer 30 minutes par semaine suffit. Deuxième action : automatiser les processus administratifs. Mettre en place un tableau de bord automatisé pour le suivi des dossiers RGE, MaPrimeRénov' et CEE. Cela libère 5 à 10 heures par semaine, réinvestissables dans la prospection, la formation ou l'analyse stratégique. Troisième action : piloter la rentabilité par KPI. Suivre la marge brute par chantier, le taux de transformation commercial et le délai de paiement des aides. Avant d'investir dans une nouvelle qualification (comme Arkeon), calculer le seuil de rentabilité : combien de chantiers faut-il pour amortir la formation et l'outillage ? Décider sur données, pas sur intuition. Ces trois actions — veille structurée, automatisation et pilotage par données — s'appliquent particulièrement face à des ruptures technologiques comme Arkeon. Elles créent un avantage compétitif immédiat en réduisant le délai de prise de décision.
C'est le scénario "menace" si Acorus garde l'exclusivité commerciale de la SmartPAC Arkeon. Les artisans RGE indépendants perdraient alors l'accès à une technologie différenciante sur le segment collectif/tertiaire, marché à forte valeur. Acorus, avec plus 285 M€ de CA et 1900 salariés, dispose de capacités financières et commerciales hors de portée des PME : conditions d'achat préférentielles, packages de financement intégrés, équipes de chargés d'affaires dédiés aux grands comptes. Dans un contexte de repli d'activité (-6,6 % en 2024, -2,6 % prévu en 2025 selon la FFB) et d'augmentation des défaillances (+22,5 % en 2024), perdre l'accès à un marché porteur aggraverait la pression concurrentielle sur le résidentiel individuel, segment déjà saturé. Le risque est donc une concentration verticale : les grands groupes intègrent la technologie, laissant aux artisans les marchés résiduels moins rentables.
Arkeon cible en priorité les immeubles collectifs (logements sociaux, copropriétés) et les bâtiments tertiaires (bureaux, hôtels, EHPAD, écoles). Trois raisons expliquent ce choix. Première raison : le potentiel de massification. Un immeuble ou un bâtiment tertiaire concentre des dizaines voire centaines d'utilisateurs autour d'une seule chaufferie. Remplacer cette chaufferie par une SmartPAC génère un impact énergétique et environnemental bien plus important qu'une maison individuelle. Deuxième raison : l'urgence réglementaire. Les bailleurs et copropriétés sont contraints par le décret tertiaire et l'interdiction progressive des passoires énergétiques (G interdits en location depuis le 1er janvier 2025, F à partir de 2028, E à partir de 2034). Troisième raison : la rentabilité immédiate. Le collectif et le tertiaire offrent des marges plus confortables, des projets de taille critique et des donneurs d'ordre qui financent sur budgets pluriannuels. Le résidentiel individuel viendra dans un second temps, après industrialisation et réduction des coûts.
La réponse dépend de votre profil d'entreprise et de votre stratégie. Investir maintenant peut se justifier si : vous avez déjà des clients en collectif/tertiaire, vous maîtrisez l'installation de PAC air/eau ou géothermiques (compétences transférables), vous disposez d'une réserve de trésorerie pour la formation et l'outillage, et vous avez identifié des chantiers potentiels (appels d'offres, contacts avec bailleurs). Être parmi les premiers formés confère un avantage concurrentiel temporaire. Attendre peut se justifier si : vous n'avez pas encore de clients en collectif/tertiaire, les modalités de distribution d'Arkeon ne sont pas clarifiées (exclusivité Acorus ou ouverture aux artisans RGE), votre trésorerie est tendue et ne permet pas d'investir sans certitude de retour, ou vous préférez observer les premiers déploiements pour valider les performances annoncées. Dans tous les cas, restez en veille active : interrogez vos fédérations (CAPEB, FFB), suivez les annonces commerciales d'Arkeon, et réévaluez la situation tous les 3 mois.
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